Emplacement le long des boulevards

Le Palais de Justice appartient à une série de monuments civils imposants érigés à Anvers au cours de la seconde moitié du 19e siècle. Ces bâtiments se retrouvent principalement le long des grands boulevards (« Leien »), aménagés au cours des années 1864 après la démolition de l'enceinte espagnole. Cette ceinture fut bordée de divers monuments imposants avec fonction représentative, comme la banque nationale.

Concours d'architecture

Auparavant, les services de la Justice d’Anvers étaient logés dans l'actuel immeuble des postes sur la Groenplaats et dans l'hôtel de ville. En 1866, ces hébergements devenant trop exigus, le conseil provincial décida la construction d'un nouveau Palais de Justice sur les terrains de l'enceinte urbaine appelée à disparaître. À cet effet, un an plus tard, décision fut prise de lancer un concours international d'architecture pour cette mission prestigieuse. Une autre année s'écoula avant que Louis Braeckelmans fût proclamé lauréat du concours par le jury.
Sa victoire, Braeckelmans la dut à un subterfuge. Dans son rapport, le jury jugea en détail et de façon très élogieuse la fonctionnalité de l'ensemble des plans. Pour les façades et les murs en élévation, Braeckelmans émit deux propositions.
La première s'en tenait strictement au budget imposé. Si on cite le jury : « la nudité banale est absolument incompatible avec la destination de l’édifice! », on comprend leurs espérances en matière de représentativité du Palais de Justice.
La deuxième proposition était plus chère et dépassait le budget. Finalement, le jury suggéra de majorer le budget afin de permettre l'édification de la proposition la plus prestigieuse.

Construction et inauguration (1871-1877)

Le bâtiment fut construit de 1871 à 1877 en style éclectique agrémenté d'une touche néo-Renaissance. La silhouette, les toits et le décor furent inspirés du Louvre à Paris. Dans le hall d'entrée se trouvent deux médaillons à l'effigie des frères Baeckelmans.

Quatre mois à peine après la pose de la première pierre, l'architecte Louis Braeckelmans décéda à l'âge de 36 ans seulement. Son frère aîné accepta de lui succéder sur le chantier, non sans imprimer aux plans son cachet personnel.
Le 15 novembre 1877, le bâtiment fut inauguré officiellement par une audience correctionnelle, mais il fallut encore deux ans de patience avant l'achèvement complet de l'édifice.

Extension (1911, 1929)

En 1911 eurent lieu les premiers grands travaux d'agrandissement : un volume supplémentaire fut créé par l'adjonction d'un troisième niveau.

En 1929, pour la deuxième fois, des extensions furent réalisées, avec pour résultat un gain de place considérable de 6600 m². Tout un étage fut ajouté, une vaste bibliothèque fut aménagée et l'une des deux cours intérieures fut couverte. Là où autrefois le vaste patio communiquait air et lumière aux salles d'audience et autres locaux qui le bordaient, vint s'établir, entre la salle des pas perdus et la rue Stockmans, le greffe du tribunal de Première instance. Le côté remarquable de ce Palais de Justice est qu'en dépit de toutes ces extensions, il continue à dégager une impression d'ensemble, comme s'il ne formait qu'un seul bloc.

Depuis ces derniers travaux de transformations, aucun remaniement digne de ce nom n'a été effectué. Certaines sections du tribunal ont déménagé vers d'autres sites (le tribunal de police, la cour d'appel, le tribunal du travail), ce qui a évité de nouvelles extensions. Malgré les nombreux changements au fil du temps, certaines parties du bâtiment, comme la majestueuse salle des assises, ont conservé à peu près leur état d'origine.

Classé comme monument (1997)

Le 14 juillet 1997, le « vieux » Palais de Justice a été classé. Ce classement est motivé par la valeur historique et artistique du bâtiment. Les zones publiques historiques et les salles d’audience sont considérées comme étant de très bonne qualité.

Rénovation et restauration de l’extérieur (2006-2012)

Entre 2006 et 2012, les toits, les corniches et les façades extérieures du bâtiment ont été restaurées.

Compte tenu du fait que les façades sont classées, ces travaux de restauration ont été réalisés après une étude sur l’historique de la construction et sur la technique des matériaux, et ce, en concertation avec le consultant en patrimoine de la Communauté flamande. Les façades sont richement décorées : des obélisques à l’entrée principale, des sphinx grecs, des épées, des tables de la loi en pierre, des balances, un bouclier avec une tête de Méduse, des sculptures de femmes en bronze et des sculptures.

Pour la restauration, le choix s’est porté sur des techniques de ravalement épargnant les matériaux de construction historiques et pouvant être répétées sans abîmer le monument. La combinaison de brique et de bandeaux de pierre bleue ainsi que les travaux de jointoiement spéciaux rendaient le processus de ravalement encore plus complexe.

Enfin, des techniques de conservation ont également été mises en œuvre, de manière à ce que la pierre naturelle, les ouvrages en acier et en cuivre ainsi que les autres éléments de construction puissent être conservés à l’avenir.